Interrogations...

Brocéliande, an de grâce 1308

Mon noble amour,

Que nous réserve cette chose incertaine qu'on nomme avenir?  En mon cœur, qui s'interroge, la peur s'est installée, froide et de plus en plus présente, me laissant sans répit.

Pourquoi faut-il toujours mener bataille pour trouver le bonheur et la paix en ce monde?  Une vie douce et tranquille, faite de simples petites joies quotidiennes, qui s'écoulerait lentement au fil des jours, est-ce trop demander?

Avons-nous oublié de savoir apprécier le peu que nous ayons?  Nul n'est besoin de posséder au-delà de ce qui nous est nécessaire, l'envie et la jalousie sont en fait de biens vilaines choses, je le crains.

Chaque être en ce monde est différent pourquoi ne pas l'accepter ainsi?  Sans cela nous ne pourrions apprendre au-delà de nos connaissances et demeurerions avec le peu de savoir avec lequel nous naissons.

Je ne désire pour nous que tendre bonheur pour le reste de nos jours, serais-je la seule à qui ces interrogations causent tant de tourment?  Partout autour de nous, je ne vois que jalousement et mesquineries.  C'est à celui qui aura la victoire même si lui en faut pour cela détruire tout autour de lui et asservir les âmes dont il a charge.  Je croyais pourtant ces agissements loin derrière nous.

Tous ces tourments me laissent une inquiétude grandissante pour notre descendance. Qu'adviendra-t-il de nos enfants?  Parviendront-ils à vivre heureux?  Jouvenceaux et pucelles trouveront-ils leur place et leur dû en ce monde incertain?

C'est à la lumière de tout cela que je n'en apprécie que davantage les liens qui nous unissent, vous et moi, mon tendre amour.  Puissions-nous, très bientôt, vivre tout doucement les heures et les années qui viendront, cela est mon plus cher désir, vous le savez plus que bien.

Vivement que tout ceci s'achève et que je retrouve la paix au creux de vos bras.  Pour moi, il n'est nul autre endroit où je puis trouver le courage et la quiétude tous deux tant nécessaires à mon âme peu sereine par ces temps si durs que nous traversons.

Votre tendre épouse,
Héliade d'Avallach