La Poésie, avec ses ambivalences et ses silences, ses compassements et ses ébrouements, ses discrétions et ses divulgations, dénude la conscience pour que ruissellent les flots moirés de l'Amour.
La Poésie, messagère mystérieuse, déverse et divulgue, rassure et rassérène, quand geint l'âme souffrante sous le voile noir des orages humains, quand le masque funèbre se fige, quand apparaissent les clartés scintillantes de l'Amour.
La Poésie, par la subtilité de ses ardeurs et l'intensité de ses douceurs, découvre la chair des mots qu'accompagnent les odeurs sublimes et les saveurs suprêmes de l'Amour.
La Poésie, aux odelettes détaillées, aux lentes mélopées, aux complaintes élaborées, délivre l'esprit en mal de beauté et le mène à l'évanescence extatique de l'Amour.
La Poésie, décontenance la pensée habituelle, étriquée, blottie dans les longs souterrains du labyrinthe de la peur grandissante, pour l'attirer vers les senteurs florales et les couleurs sidérales de l'Amour.
La Poésie débusque l'espoir de la joie pleureuse, douloureuse, vertigineuse, celle qui enfièvre, envahit, ravit dans les larmes brûlantes de l'amour.
La Poésie défie les sœurs du mal qui, hargneuses et affolées, empirent le sort des femmes éperdues et le destin des hommes idéalistes, quand suppure l'abcès purulent de la persécution obsessive alors que la survie se distille à même la diaprure des pétales sirupeux de l'Amour.
La Poésie désagrège les sédiments invisibles et influents d'où saigne encore la sensibilité assaillie par l'irrépressible rage des menteurs et des injustes dans leur impuissance à circonscrire leur méchanceté toxique et que seul peut guider, ne serait-ce qu'un bref instant, le reflet dansant de l'aurorale vérité portée par le pur aveu de l'Amour.
La Poésie dévide le fil d'Ariane menant à la consolation, frêle lueur fugace au bout des couloirs où résonnent les cris des fantômes opaques contraints par leurs blessures inassouvies à sadiser pour apaiser leur indigence sans résignation quand flotte la dame blanche aux mains chargées des célestes gentianes de l'Amour.
La Poésie débâillonne les lèvres fébriles qui réclamaient l'accession aux paysages intérieurs, aux paradis retrouvés, aux univers inconnus des cœurs dans le besoin flagrant d'une admission réparatrice avec les phrases salvatrices de l'Amour.
La Poésie délie les miséreux accablés de regrets, de remords, de repentances inassouvies |