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Chronique cinéma
mars 2015

 par Lucie Poirier, journaliste-analyste

fifem_2015_afficheMars : films pour les enfants, pour les éperdus de romance, pour les adeptes de symboles : le FIFEM, Samba, Elephant Song, et des nouvelles.

EN FIFEM

Depuis le 28 février, jusqu'au 8 mars 2015, le FIFEM, le Festival International du Film pour Enfants de Montréal fête son 18e anniversaire.

Les cinématographies d'une trentaine de pays convient les enfants à découvrir les vies d'enfants en relation avec leur famille, ou leurs amis, ou leurs animaux, ou même avec des créatures inconnues.

Puisque Mitsuo Tahira, fondateur -directeur du Tokyo Kinder Fim Festival sera l'invité d'honneur du FIFEM, il sera possible de revoir des films du cinéaste d'animation Hayao Miyazaki dont l'adorable Ponyo sur la falaise. Dans ma chronique de septembre 2009, je ne pouvais que m'extasier sur ce film mettant en vedette une petite fille qui court sur les vagues pendant la musique de Joe Hisaishi inspirée par La Chevauchée des Walkyries de Wagner.

En plus de la programmation au Cinéma Beaubien, des films seront projetés au Cinéma Impérial à un tarif réduit. Aussi, la section Mini-cinéphiles s'adresse aux petits dès l'âge de 2 ans alors que Ciné-ado concerne les plus de 12 ans. À ne pas oublier le mercredi 4 mars, la journée Ciné Papi-Mamie.

Au cinéma du Parc des films sont en version anglaise et au Musée des Beaux-Arts du 3 au 8 mars des films primés et des coups de cœur des précédentes éditions du FIFEM seront projetés.

EN ANALYSE

SambaSamba

Réalisé par le tandem du film Intouchables sorti en 2011, Éric Toledano et Olivier Nakache, le scénario du film Samba s'articule grâce à des paroxysmes et des contradictions pour mieux développer des ressorts opposés dans la vie des individus : l'emploi et l'amour.

Le scénario a été élaboré d'après le livre Samba pour la France de Delphine Coulin que j'avais croisée lorsqu'elle avait présenté une de ses co-réalisations Dix-sept filles lui aussi sorti en 2011. Le film se distingue du roman par la création du personnage d'Alice qui gravite autour de Samba pour mieux nous le faire découvrir.

Alice (Charlotte Gainsbourg) et Manu (Izïa Higelin) s'impliquent bénévolement dans une association afin d'aider des immigrants. Elles rencontreront Samba (Omar Sy) et Wilson (Tahar Rahim). Ce contexte permettra aux personnages, et à leurs proches, de traverser des étapes décisives dans leur vie.

Samba, Sénégalais en France depuis dix ans, aimerait travailler à la conception des plats dans les cuisines. Il vide les assiettes, rapporte les restes, se rend en métro chez son oncle où il habite. Un soir, il est contrôlé et se retrouve en centre de rétention en attendant la régularisation de sa situation en tant qu'immigré. Alice l'assiste pour préparer sa parution devant une juge. Samba rencontre Jonas, qui lui demande à sa sortie du centre de retrouver Gracieuse qu'il veut épouser, et Wilson, qui l'entraînera dans divers boulots.

Pendant 15 ans, Alice a travaillé 12 heures par jour sous pression sans aucune reconnaissance, jusqu'à confondre la vie et le boulot, jusqu'à péter les plombs, jusqu'à se retrouver en clinique à dessiner avec de la gouache puis à faire des séances de caresses aux chevaux.

Donc, entre burnout et chômage, l'emploi, qui peut s'avérer le pire aspect de l'existence, se révèle aussi un privilège.

Les incongruités des procédures sont évidentes et concourent à l'ironie des propos. Ainsi, quand on relâche Samba du centre avec une OQTF, une obligation de quitter le territoire français par lui-même, évidement il reste et cumule les emplois précaires. Les sans-papiers fournissent beaucoup de papiers pour leurs dossiers; mais ce ne sont jamais les bons papiers. D'ailleurs, Samba a même remis une photo de lui, enfant, qu'Alice a placée chez-elle. De plus, Samba, malgré son nom, ne danse pas, lui qui fut un si séduisant danseur dans Intouchables.

Pourtant, elles sont nombreuses les scènes de danse. À l'association certes mais aussi lorsque Wilson, laveur de vitres de gratte-ciels, charme un groupe de jeunes femmes dans un bureau; la scène est à la fois drôle et sexy.

La présence du vieil oncle est émouvante. Cet homme, qui aurait voulu « rentrer au pays en seigneur » perd son emploi quand les flics viennent l'interroger pour trouver Samba. Il quitte, triste, en prenant l'autobus.

L'identité s'avère un thème polymorphe. Wilson prétend être né au Brésil « Tout est plus simple quand tu dis que tu es Brésilien ». Puis, déclare être né à Alger, et admet enfin venir d'Oran. Le nom est important. Samba achète une fausse carte. Ensuite, il prend la carte de son oncle, donc il a une vraie carte et par après il utilise la carte de Jonas. Il confie à Alice : « J'ai peur de ne plus savoir qui je suis ».

Au-delà du lieu de naissance et du nom, la personnalité détermine la relation. Le temps se déploie pour laisser aux liens ce qui leur faut afin que la connaissance de l'autre soit possible. Samba ne connait Gracieuse qu'une nuit alors qu'Alice et lui s'apprivoisent peu à peu. La chanson To kow you is to love you s'accorde avec ce cheminement.

Pour appuyer ces portraits en teintes douces et patientes, les gros plans sont fréquents.

C'est une nouvelle approche des relations amoureuses que les réalisateurs nous montrent, au contraire d'un couple immédiat, un couple où chacun apprend l'autre dans une lente magnificence.

Elephant_SongElephant song

Basé sur la pièce de Nicolas Billon, Elephant Song a été réalisé par Charles Binamé. Le Dr Green (Bruce Greenwood) interroge Michael (Xavier Dolan) et est lui-même interrogé par le Dr Jones (Guy Nadon). Dans un dévouement sacrificiel, l'infirmière Peterson (Catherine Keener) s'efforce d'arrondir les angles entre les personnages qu'elle veut non seulement soignés mais sauvés.

Rapidement, la narration brise la linéarité théâtrale : l'unité de lieu, de temps, d'action est bousculée.

Principalement, nous sommes amenés à Cuba, à Montréal, en Afrique du Sud. La mère de Michael chante O mio babino caro dans une salle d'opéra à Santa Clara. Dans un bureau le Dr Jones pose des questions au Dr Green. Dans le bureau du Dr Lawrence, le Dr Green tente d'amener Michael à donner des informations. Michael se souvient d'une chasse à l'éléphant avec son père.

Le temps oscille entre 1947 et 1966.

Le Dr Jones fait une enquête, le Dr Green aussi. Le Dr Lawrence est absent. On l'a vu quitter la veille et son dernier patient était Michael. La quête pour les révélations du jeune homme amène les personnages dans une spirale d'inventions, de mensonges, de manipulations. Gifle, insultes, grossièretés, l'ambiance est pénible.

La quête est symbolisée par l'accessoire oublié par le Dr Green. Il cherche ses lunettes, il veut discerner la réalité, l'infirmière lui prête sa paire, sa femme vient lui porter les siennes. Les femmes apportent à l'homme l'aide qu'il lui faut.

La dimension humaine déterminante est symbolisée par la chaleur. L'épouse du docteur est dans une maison sans chauffage. Les interrogatoires se déroulent en janvier, saison froide, alors qu'on range les décorations de Noël.

Le symbolisme du temps démultiplié est accentué parce qu'il y a deux sabliers dans le bureau. Souvent, le montage nous précipite du temps présent au temps du souvenir.

Quant au symbolisme de l'éléphant il est actualisé par des photos et par une peluche avant la scène où l'animal agonise. Il devient un personnage représentant le destin de Michael. L'éléphant, présence à la fois imposante et vulnérable, est abattu par le père. L'éléphant pleure en mourant, Michael meurt en souriant. Le père a tué l'éléphant, Michael dit avoir tué sa mère.

La polysémie est aussi exprimée par la chanson Un éléphant ça trompe. Le Dr Lawrence apprend au Dr Green que les cinq lettres du mot trompe forment un nom commun et signifient aussi le verbe décevoir.

Elephant Song donne à Bruce Greenwood l'occasion d'exceller, particulièrement avec les nuances de son regard; il a ciselé toutes les exigences ténues de son interprétation. Pour Greenwood, c'est le rôle de sa consécration d'acteur.

EN PRÉPARATION

La dernière chasse-galerie

Sa beauté lumineuse irradiait dans Mars et Avril. Elle a lu le rôle de Jeanne D'Arc pour un spectacle avec orchestre aux États-Unis. Elle développe une carrière qui nous donne envie de la voir dans tout ce qu'elle fait. Quant à lui, il a diversifié son talent en réalisant pour le cinéma, la télévision, et a même collaboré, avec Anne-Marie Chagnon , à la création d'un bracelet qui porte son nom et rappelle une de ses magnifiques œuvres : Dédé à travers les brumes. Voir mes chroniques cinéma de décembre 2012 et de l'été 2011.

Caroline Dhavernas et Jean-Philippe Duval travaillent ensemble depuis des mois pour un film qui devrait s'intituler La dernière chasse-galerie. Entre Rawdon, Saint-Alphonse , Chertsey et Saint-Constant, régions situées au Québec (Canada), le scénario de Guillaume Vigneault nous présentera Liza Gilbert et Joe Lebel concernés par un pacte occulte. Le film devrait sortir en décembre 2015.

Le MIAFF

miaffLaurie Gordon et Bruno Chatelin étaient du 5 au 13 février 2015 à la Berlinale de European Film Market pour inviter des cinéastes à leur proposer leurs créations en animation. En effet du 16 au 19 avril aura lieu le MIAFF, le Montreal International Animation Film Festival. Aux projections s'ajouteront des conférences et des ateliers. Il est toujours possible de les contacter si vous souhaiter qu'ils puissent inclure un de vos films. On peut consulter : animazefestival .com

EN BREF

En_bref_Femen_et_DSKDans ma chronique cinéma de septembre 2014, j'analysais les films Je suis Femen et Welcome in New-York. Le premier était un documentaire consacré à d'exemplaires féministes très jeunes et très actives alors que le deuxième était une fiction basée sur les excès d'un homme très rude et très obsédé. Le 10 février 2015, ces protagonistes ont été réunis dans les faits.

Les Femen ont scandé : « Macs ou clients déclarés coupables » lorsque Dominique Strauss-Kahn s'est présenté au palais de justice de Lille pour le procès où il devait être entendu pour proxénétisme aggravé. De nombreux policiers se sont bravement et rapidement rués sur les trois femmes partiellement dénudées afin de protéger l'accusé blotti dans une auto.

Un mois après que les foules aient défilé au nom de la liberté d'expression, il a été décidé que les trois jeunes militantes, Esther, Elvire et Lara seront jugées pour exhibition sexuelle. Le corps d'une femme peut être acheté mais il est interdit qu'elle -même l'utilise pour revendiquer la cessation de son asservissement.

D'autres documentaires pourront être consacrés aux Femen car, que ce soit pour aider les femmes voilées d'Arabie, les femmes prostituées d'Occident, les femmes violées de l'Inde, les délicates et déterminées héroïnes du groupe auront longtemps, hélas, des occasions de manifester leur courage et de réclamer justice.

 

 

 

BANDES ANNONCES

FILMS RÉFÉRÉS AU COURS DE LA CHRONIQUE :

  • Ponyo sur la falaise Hayao Miyazaki 2008
  • Intouchables Éric Toledano et Olivier Nakache 2011
  • Samba Éric Toledano et Olivier Nakache 2014
  • Dix-sept filles Delphine et Muriel Coulin 2011
  • Elephant song Charles Binamé 2014
  • Mars et Avril Martin Villeneuve 2012
  • Dédé à travers les brumes Jean-Philippe Duval 2009
  • Je suis Femen Alain Margot 2014
  • Welcome in New-York Abel Ferrara 2014
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