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Chronique cinéma
octobre 2011

 par Lucie Poirier, journaliste-analyste

Octobre nous amène le Festival du Nouveau Cinéma du 12 au 23 à Montréal. La diversité actuelle et historique du cinéma se déploie dans la revue Dress to kill et les films De vrais mensonges de Pierre Salvadori et Douce de Claude Autant-Lara.

EN ENTREVUE

Dans le film La vengeance d'une femme (Jacques Doillon, 1990) lorsque Cécile voit Suzy dans toute sa beauté, elle lui déclare : «Ils en ont de la chance, les hommes». Le jeudi 8 septembre, les hommes en avaient de la chance car de nombreuses mannequins circulaient parmi les invités au lancement du numéro Spécial Cinéma de la revue montréalaise Dress to kill. Les femmes aussi avaient de la chance en présence des beaux acteurs Marc-André Grondin, Sébastien Huberdeau, Nico Archambault et Neils Schneider qui ont tous posé pour Carl Lessard dont les magnifiques portraits se succèdent dès le début du numéro. 16 actrices et acteurs de Montréal ont été magnifiés par le photographe. Bien que bilingue, ce numéro recèle principalement des textes en français.

Fille d'une photographe de plateau, Kathia Cambron est la co-fondatrice de Dress to Kill magazine. «C'est moi la folle depuis 4 ans» s'est-elle exclamée en riant quand je l'ai abordée; elle est mignonne et dynamique; je comprends bien que c'est dans un sens positif, qui inclut le fait de relever un défi exigeant, qu'elle se dit folle.

K.C. «Ça prend un peu de folie pour faire ce magazine. C'est beaucoup de travail. C'est pour donner une chance aux gens d'être vus, d'être connus.»

L.P. «Je connais votre magazine. Le contenu de Dress to kill est de plus en plus raffiné, diversifié, à travers un souci esthétique. Vous avez une volonté de qualité.»

K.C. «On n'est pas un magazine corporatif. On est un magazine authentique. On fait quelque chose qu'on trouve beau. 4 fois par année. À chaque saison.»

L.P. «Pourquoi avoir consacré un numéro au cinéma?»

K.C. «Le cinéma et la mode vont bien ensemble. Les costumes font partie du personnage.»

L.P. «Votre magazine diffère des «revues pour femmes». Vous, vous adressez aux femmes et aux hommes tout en traitant de la mode et en respectant votre lectorat.»

Cliquez ici pour entendre l'interview avec Stéphane Le Duc

K.C. «On pense que notre lecteur est intelligent. La mode est un supplément d'esprit. Pour être beau, il faut être vrai. Et la vraie vie, c'est pas toujours facile. Donc, je veux rendre ça plus intéressant.»

Vive et sympathique, Kahtia conclut en précisant : «To be fake you got to be real first».
(Pour être imité vous devez être vrai d'abord.)

Alors qu'Herbie Moreau circulait avec son charme caractéristique parmi les 600 invités dont certains , sortant de limousines, étaient encadrés par des body guards, j'ai obtenu une entrevue avec Stéphane Le Duc, rédacteur en chef.

L.P. «Félicitations. C'est un très beau numéro, c'est un numéro de qualité. Qu'est-ce qui vous rend fier de ce numéro?»

 

 

 

BANDES ANNONCES

FILMS TRAITÉS EN ANALYSE :

De vrais mensonges Pierre Salvadori, 2009
Douce Claude Autant-Lara, 1943

FILMS RÉFÉRÉS AU COURS DE LA CHRONIQUE :

La vengeance d'une femme Jacques Doillon, 1990
Les amours imaginaires Xavier Dolan, 2010
Breakfast at Tiffany's Blake Edwards, 1961
My fair lady George Cukor, 1964
The Cook the Thief His Wife & Her Lover Peter Greenaway, 1989
Insoupçonnable Gabriel Le Bomin, 2010
Comme elle respire Pierre Salvadori, 1998
Les fragments d'Antonin Gabriel Le Bomin, 2005
Heavenly Creatures Peter Jackson, 1994
Vénus Beauté Tonie Marshall, 1998
Le fabuleux destin d'Amélie Poulin Jean-Pierre Jeunet, 2001
Heaven Tom Tykwe, 2002
Tu ne tueras point Claude Autant-Lara, 1960
Le diable au corps Claude Autant-Lara, 1947
Sylvie et le fantôme Claude Autant-Lara, 1946
Une affaire de femmes Claude Chabrol, 1988
Laisser-passer Bertrand Tavernier, 2002

S.L.D. «Je suis fier d'avoir réussi à réunir les 16 acteurs. Les acteurs d'ici ont un talent énorme mais peuvent nous représenter aussi. C'est ça qui m'impressionne en fait toute cette génération de jeunes acteurs qui ont énormément de talent et qui percent à l'étranger. J'avais fait une liste et finalement ils ont pratiquement tous accepté. C'est un beau cadeau avec un grand photographe qui s'appelle Carl Lessard qui a une façon unique de photographier en mettant en valoir à la fois leur regard, les expressions. Ça je suis fier de ça, d'avoir réuni les acteurs et le photographe.»

L.P. «C'est un résultat magnifique. Comment était né ce projet, comment ça s'est développé?»

S.L.D. «Carl Lessard qui est un photographe qui a beaucoup de talent m'a approché avec une photo de Karine Vanasse. Et la photo était sublime. On la retrouve dans le magazine. Je lui ai dit : on prépare un sujet sur le cinéma. Ce serait génial d'aller plus loin. Il a dit : Oui j'aimerais travailler avec d'autres acteurs, développer une relation avec eux, faire des beaux projets. C'est comme ça qu'est née l'idée de travailler là-dessus.

L.P. «Et cela a nécessité 5 mois?»

S.L.D. «Absolument parce que ces acteurs mènent des carrières à New-York, à Los Angeles, à Paris. Ils ont des auditions un peu partout, des horaires chargés et mènent pour la plupart une vie à l'étranger. C'était très difficile de les avoir. Au moment où eux arrivaient à Montréal, ils venaient voir leur famille, j'appelais le photographe, je disais : « est-ce que tu es prêt dans 3 jours?» OK ça fonctionne. Alors ça a été vraiment sur 5 mois.»

L.P. «Quel rêve peut-il vous rester à réaliser, vous Stéphane Le Duc qui êtes vraiment le Prince de la mode?»

S.L.D. «Il y a un thème qu'on n'a jamais abordé et qui me plait beaucoup aussi et c'est la musique. Il y a des chanteurs incroyables qui sont superbes à photographier. Qui ont beaucoup de style, une présence et un charisme incroyables.

L.P. «Quel est le film, quels sont les films que vous recommanderiez pour les costumes?»

S.L.D. «Bonne question! Dans les films québécois, je dirais tous les films de Xavier Dolan au niveau visuel sont très forts, particulièrement dans
Les amours imaginaires (2010) les personnages sont tellement bien habillés, c'est tellement beau. J'ai des classiques du cinéma que j'aime beaucoup. Avec Marlène Dietrich tous ses films sont des classiques, les costumes sont époustouflants. Il y a aussi Breakfast at Tiffany's (Blake Edwards, 1961) avec Audrey Hepburn qui influence encore la mode aujourd'hui. My fair lady (George Cukor, 1964) aussi. Il y a aussi un film auquel Jean-Paul Gaultier a participé The Cook the Thief His Wife & Her Lover de Peter Greenaway (1989). C'est devenu un classique à cause des costumes.

L.P. «Quand vous allez au cinéma, qu'est-ce qui détermine votre choix?»

S.L.D. «La qualité des dialogues. J'aime beaucoup quand ça sonne bien, qu'on a l'impression qu'il y a eu un souci d'écriture très travaillé, et naturellement le jeu des acteurs; j'aime bien quand ils réussissent à nous amener dans des univers inconnus. Souvent au cinéma on voit des choses prévisibles mais quand un acteur réussit à nous amener dans un autre univers ça m'emballe totalement, ça me fait rêver, le cinéma c'est fait pour rêver.

L.P. «Et votre magazine est fait pour rêver lui aussi. Encore félicitations!»

Cette 11e édition de Dress to kill est très attrayante et se décline en deux couvertures pour un même contenu : l'une avec Rachel Lefèvre, l'autre avec François Arnaud. Les textes sont bien écrits et certains incluent une entrevue. Des pages sont consacrées au célèbre studio français Harcourt reconnu pour ses portraits en noir et blanc des plus grandes vedettes et au photographe Edward Steichen, dont la renommée, avec la mode et le cinéma, remonte aux années 20.

Sur l'importance du costume dans l'interprétation d'un personnage au cinéma,
réécouter mon entretien avec la grande actrice Catherine Deveuve dans ma chronique cinéma de septembre 2011

EN ANALYSE

Parce qu'il vient à peine de nous arriver à Montréal, l'occasion de voir De vrais mensonges de Pierre Salvadori (2010) fait revivre l'attente enthousiaste précédant le film Insoupçonnable de Gabriel Le Bomin (2010). Le fait d'avoir vu les précédentes réalisations, d'en avoir été impressionnée et de croire qu'encore la force subtile s'insinuera pour instiller une compréhension de la vie dans sa réalité la plus cruelle et la plus amoureuse, favorise une envie d'accéder aux sommets cinématographiques qui permettent la contemplation humaine. Quand, à la fin de …Comme elle respire de Salvadori (1998), Antoine laissait partir Jeanne sans la contredire et, quand, à la fin de Les fragments d'Antonin de Le Bomin (2005), Madeleine soignait Antonin, nous pouvions ressentir la bienveillance qui caractérisait les deux scènes finales ouvrant vers une prolongation, une suite conséquente de l'amour. Mais, un plaisir anticipé peut aboutir à un espoir déçu.

Le film De vrais mensonges devait d'abord s'intituler Soins complets. «Je ne vis que du bonheur de vous regarder» écrit Jean à Émilie, dans une lettre anonyme que la co-directrice d'un salon de coiffure décide de froisser et jeter. Avant de la récupérer pour la réadresser à sa mère, Maddy, qui dépérit depuis que son mari sculpteur l'a quittée il y a quatre ans. «J'ai pas envie d'aimer quelqu'un d'autre. Je veux être triste et chez-moi .» clame-t-elle. Son mari doit divorcer parce que sa jeune maîtresse est enceinte.

Jean travaille quotidiennement pour Émilie et constate que sa mère et elle sont soudainement transformées. Le quiproquo manque ensuite de rebondissements, d'inattendus, de revirements. La 1e lettre de Jean, écrite dans un style semblable à la littérature du 18e siècle en Italie ou en Allemagne, n'est pas suivie d'une correspondance l'impliquant; les autres lettres sont rédigées par Émilie dans des scènes interminables pour nous convaincre qu'elle est incapable d'écrire avec subtilité. Ses missives sont moches et déplaisantes; après un seul plan, on a compris, pas la peine de répéter jusqu'à la fin de la bouteille de vodka qu'elle doit enfiler pour aligner trois lignes vulgaires.

Nathalie Baye est toujours mal coiffée même quand sa coiffeuse de fille est supposée l'embellir et elle semble saoule plutôt que découragée. Audrey Tautou est détestable de tics, moues, clichés, répétitions; toujours intransigeante, impatiente, colérique et mesquinement menteuse, elle impose, en plus, son corps squelettique. (Quand retrouverons-nous des femmes authentiques et des actrices talentueuses comme Kate Winslet et Mélanie Linskey dans Heavenly Creatures (Peter Jackson, 1994) ? Ses mensonges ne suscitent ni la sympathie, la tendresse, ou la compassion qu'inspiraient ceux de Marie Trintignant dans le rôle de la pathologique et amoureuse Jeanne. Sami Bouajila tire son épingle du jeu en misant sur une interprétation émue de Jean, son personnage. L'agréable surprise de ce film est Judith Chemla dans le rôle de Paulette, convaincante et attachante assistante souffre-douleur d'Émilie.

Le lieu et le casting rappelent Vénus Beauté (Tonie Marshall, 1998) avec Tautou et Baye et ressemblent à Le fabuleux destin d'Amélie Poulin (Jean-Pierre Jeunet, 2001) avec Tautou dans les scènes de café et les décors peinturlurés. Le problème du film réside dans le rythme traînard, le caractère antipathique des personnages et l'étirage inutile des situations. Les ingrédients ne font pas la recette et encore moins le résultat. De plus, la culture, l'instruction, l'habileté, incarnées par le personnage de Jean, sont présentées comme des obstacles à l'amour puisqu'il cache ses livres et ses disques à l'ignare et cruelle Émilie qui vient le voir; elle le renvoie, le réengage, le renvoie, le paie comme une prostituée pour qu'il couche avec sa mère. Le mépris d'Émilie fait d'elle un personnage qui n'est pas attachant.

Pourtant, une lumineuse beauté séduit dans cet étrange fourbi : les dialogues de Pierre Salvadori, des phrases au sens profond dans une formulation concise : «C'est la colère qui m'a ramenée à la vie. La colère est partie, c'est la vie qui est restée» atteste Maddy quand elle redevient la muse d'un créateur. Malheureusement, c'est encore une scène ratée, au lieu de terminer avec son envol comme la finale de Heaven (Tom Tykwe, 2002), elle est redescendue sur terre avec son harnais.

Un plan charme indubitablement : Maggy suit Jean et, de la rue de son petit quartier champêtre, une vue d'ensemble éblouit en montrant le paysage de Sète.

De vrais mensonges de Pierre Salvadori souffre de ses promesses non tenues.

EN COUP DE CŒUR

De passage à Montréal dans le cadre du Festival des Films du Monde, Bertrand Tavernier a présenté le film Douce (1943) de Claude Autant-Lara (1901-2000), un film qu'il adore par un cinéaste qui l'a inspiré.

«Je lui dois de pouvoir faire des films. Claude Autant-Lara a fait Tu ne tueras point (1960) un film sur l'objection de conscience pendant la guerre d'Algérie en vendant sa maison. Sa mère, Louise Lara, était une comédienne pacifiste qui a été expulsée de la Comédie Française parce qu'elle était pacifiste. Son père Édouard Autant, a créé le Théâtre Action en montant des pièces dans son salon, il s'est ruiné à jouer du Claudel, du Maïakovski, des traductions d'Union Soviétique. Claude faisait les décors pour ses pièces. D'ailleurs, le film Douce est extraordinaire pour les décors.»

Tavernier ajoute : «Autant-Lara s'est battu pour que le producteur ne coupe pas les répliques pacifistes et anti -militaristes dans Le diable au corps (1947). » Mais, comme Jean Renoir, Claude Autant-Lara a eu des dérapages. «A la fin de sa vie, il a tenu des propos discriminatoires honteux. De plus, il détestait les cinéastes, s'estimait injustement traités par la Nouvelle Vague, ce qui était vrai.»

En effet, François Truffaut ne l'a pas épargné. La filmographie d'Autant-Lara est teintée d'un lyrisme romantique à l'opposé du traitement souvent improvisé de la Nouvelle Vague. À cet égard, Sylvie et le fantôme (1946) offre un paroxysme d'onirisme réalisé. La dernière période de sa vie entraîne un reniement déplorable de l'ensemble de ses travaux d'invention et de réalisation; le réalisateur Francis Girod l'a résumé : «les errements de la fin de vie de Claude Autant-Lara entachent l'image de l'artiste et masquent la force d'une œuvre».

Pour Douce, Jean Aurenche a retenu deux lignes d'un roman de Michel Davet et a développé un scénario original en utilisant les souvenirs de sa mère qui avait été institutrice. Au milieu du film, il doutait «il doutait toujours» de préciser Tavernier, il a engagé Pierre Bost qui avait été libéré en 1942 pour «maigreur redoutable».

Selon Tavernier, «Aurenche est bouillonnant, paniquant et Bost est rigoureux, élaguant». Douce est un film sur la lutte des classes et est profondément féministe. La dernière exécution d'une femme en France c'était pour avortement. »

L'histoire vraie de Marie-Louise Giraud, guillotinée le 30 juillet 1943, l'année même du film Douce, a inspiré Claude Chabrol qui a réalisé Une affaire de femmes en 1988. (Voir aussi http://www.norja .net/videocapsules/html/mai_2011.html ma chronique cinéma de mai 2011)

«Prendre la protection historique a permis à Claude Autant-Lara de faire un film sur la lutte des clases» poursuivait Tavernier. Dès le début du film, le confesseur dit à Douce que si l'homme qu'elle aime n'est pas de sa condition, il ne peut lui donner l'absolution. Le film épouse les rêves, les passions, de l'héroïne, de cette femme en pleine période misogyne comme l'était cette époque».

La projection de Douce nous ramène en 1887 quand l'Abbé Lemire écoute la confession de Douce et lui demande «Y a-t-il une différence de classe pour empêcher un mariage?» puisqu'elle répond affirmativement, l'Abbé lui intime d'être humble. Déjà significative d'un caractère original, la réplique de Douce précise ses valeurs : «Je ne veux pas être humble, je veux être heureuse».

Douce de Bonafé est amoureuse d'un domestique, Fabien, l'amant d'Irène l'institutrice de Douce. La maison vit sous le joug de la Comtesse de Bonafé. Irène reçoit plus de leçons de La Comtesse, surnommée Le Roi par Douce, qu'elle n'en donne à sa riche élève. Un gros plan nous informe qu'Irène lit en cachette Les liaisons dangereuses. Elle refuse de quitter Paris avec Fabien parce qu'il a commis un vol. Il lui rétorque : «Nous avons été pauvres ensemble, humiliés ensemble».

Quand Douce avoue son amour à Fabien Il lui répond : «Jamais je n'épouserai une fille de riches même si je l'aime. J'aurais l'impression de la servir même la nuit». Douce accompagne Fabien dans un hôtel sordide puis au théâtre où elle meurt dans un incendie. Fabien et Irène sont renvoyés.

Après la projection, Bertrand Tavernier a poursuivi : «Les rapports de castes sont dans la grande tradition romanesque avec Zola, Mirbeau mais sont peu évoqués dans le cinéma français. Entre 1879 et 1910 il y avait des personnages comme La Comtesse dans les livres. Tourner pendant la guerre, ça s'est fait. Plus de 200 films ont été tournés dans le froid, la nuit, dans les restrictions de la nourriture, du bois . On se demandait : Comment faire accepter un film qui n'endosse pas les diktats de Vichy? Pour le tissu, il n'y avait pas de problème, on pouvait avoir le tissu chez les Grands Couturiers. (D'ailleurs, tout de suite après la 2e guerre, Christian Dior s'était occupé des costumes de Sylvie et le fantôme en 1946.)

Tavernier continua : «La scène de la visite de La Comtesse chez les pauvres pour Noël est épouvantable, elle dit des choses horribles. Elle leur brûle leur bois. La scène avait été interdite par la censure de Vichy avant d'être remise. C'est ironique le chant de Noël alors que tout le monde se hait. Ce cinéma était intelligent, avec la beauté de la langue française, une attention portée à des êtres humains, des sentiments. Il y a une multitude de trouvailles littéraires. Autant-Lara a osé poser une telle exigence artistique. Il s'interdira un tel lyrisme sentimental ensuite.»

C'est aussi en 1943 que Bertrand Tavernier a situé l'histoire de son film Laisser-passer réalisé en 2002 et consacré aux tournages cinématographiques à Paris pendant la guerre. Il s'est basé sur Action! les mémoires de Jean Devaivre. Les personnages incluent Claude Autant-Lara et Pierre Bost.

Le besoin de revenir à ses inspirations a permis à Bertrand Tavernier de partager avec le public ce qui, encore, l'impressionne dans le film Douce de Claude Autant-Lara où la majesté le dispute à la revendication.