On estime selon les plus récentes recherches anthropologiques que des hommes vivent sur le continent d'Amérique du nord depuis plus de cinq mille ans. Des découvertes majeures ont permis de retracer un certain parcours sur les habitants des premières nations. Des vestiges de bateaux Vikings ont été découverts corroborant leurs venus sur le continent. Tout laisse croire qu'ils ont participé à la vie sociale, économique, spirituelle avec les habitants des Amériques. On estime qu'il y a cinq siècles, quinze mille langues étaient parlées dans les Amériques. Alors qu'aujourd'hui une quinzaine à peine de langues et dialectes survit encore. Certains rituels chamanique sont pratiqués depuis la nuit des temps toutes nations confondues. Des légendes et des prophéties concernant la venue de l'homme blanc barbu se racontaient dans tout le continent du nord au sud. Des découvertes archéologiques ont retracées sur plusieurs sites des peintures, sculptures, de personnages à barbe aux traits caucasiens. Et voila! Vers 1604 à Port-Royal débarquent les premiers colons francais accueillis par un chef Micmac du nom de Membertou, ironie du sort le chef porte aussi la barbe… Seul trait commun avec ses nouveaux arrivants suivis des premiers missionnaires qui évidement commencent l'éducation spirituelle des indigènes, des sauvages et des païens. Nos roues de Médecines furent remplacées par des croix. La destruction systématique de notre vie sociale, politique et spirituelle changea à jamais notre Structure démographique. Les alliances politiques et les confréries spirituelles établies unissant de nombreux peuples comme la Confédération des sept nations Wabanaki, la Confédération des six nations Iroquoises, la confrérie des boucliers de Médecine unissant quarante-quatre chefs de diverses nations, la confrérie de la société de Médecine Midéwiwin de la nation Algonquine. Tous furent tour à tour démantelés et détruites par l'homme blanc barbu. Toutefois il est à noté que plusieurs colons, nobles et aventuriers ont respecté l'homme rouge à plusieurs égards. Ils ont contribués à préserver la culture ancestrale et moderne des habitants des premières nations. C'est aussi mon histoire … Un noble francais mariant la première fille d'un Grand chef Micmac. Et toute une lignée spirituelle fut sauvée et préservée jusqu'à nos jours. Tant mieux puisque l'homme moderne tend de plus en plus l'oreille à ceux qui parlent encore avec les arbres, les animaux, les montagnes, les rivières et qui s'en font les porte-parole auprès de toute l'humanité. Pour vous chers lecteurs en exclusivité sur le magazine Aubry et Cie voici l'intégrale d'une lettre, datant de 1676 rédigé par un chef Micmac appartenant à l'époque à un clan tribal. Voulant garder son anonymat ayant peur des représailles pour les autres clans. Cette lettre fut préservée et conservée dans les archives du musée de l'histoire de la grande nation Micmac. L'ironie du sort ; dans notre époque contemporaine c'est l'homme blanc barbu qui revendique maintenant le désir de vivre en en respect avec la terre mère. S'insurgeant contre les colonisateurs industriels, polluant nos rivières, nos montagnes, nos forêts et même l'air que nous respirons au nom de la libre entreprise et du profit. « Vous reprochez fort mal à notre pays d'être un petit enfer sur terre, en contraste avec la France, que vous comparez à un paradis terrestre, parce que il vous donne, dites vous, toutes sortes de provisions en abondance. Vous dites de nous que nous sommes les plus misérables et les plus malheureux de tous les hommes, vivant sans religion, sans éducation, sans honneur, sans ordre social, et en un mot, sans aucune loi; comme des bêtes de nos bois et forêts, manquant de pain, de vin et de milliers d'autres avantages dont vous regorgez en Europe Écoutez, frère ! Si vous ne connaissez déjà les véritables sentiments que nous indiens avons pour notre pays et pour toute votre nation , il est bon que je vous informe sans tarder . Croyez bien qu'aussi misérables que nous paraissions à vos yeux, nous nous regardons plus heureux que vous, en ceci que nous nous contentons du peu que nous avons … Vous serez profondément déçus, si vous croyez nous convaincre que votre pays est mieux que le nôtre Pourtant, si la France est, comme vous le dites, un petit paradis sur terre, est il sensé de le quitter ? Et pourquoi abandonner femmes et enfants parents et amis ? Pourquoi risquer vos vies et vos biens à chaque année? Et pourquoi vous aventurez et prendre de tel risque, quelle que soit la saison, affronter les orages et les tempêtes de la mer, pour revenir dans un pays étranger et barbare que vous considérez le plus pauvre et le plus malheureux de la terre? D'autant que nous sommes convaincus du contraire et ne prenons pas la peine d'aller en France parce que nous craignons à juste titre de ne trouver la bas que de satisfactions puisque nous ceux qui y sont nés la quitter chaque année, pour venir s'enrichir sur nos rivages. Nous nous croyons en outre, incomparablement plus pauvre que nous; et malgré vos apparences de maîtres et de grands capitaines, vous n'êtes que de simples journaliers, valets, servants et esclaves, se faisant une fête de nos vieux chiffons et vêtements de peaux, qui ne nous servent plus. Et vous venez chercher ici, en pêchant la morue, de quoi vous consoler de la misère et de la pauvreté qui vous accablent. Alors que nous, nous trouvons toutes nos richesses et toutes nos commodités chez nous sans peine, sans exposer nos vies aux dangers que vous affrontez constamment au cours de longs voyages. Et c'est avec un sentiment de compassion pour vous que, dans la douceur de notre repos, nous admirons la peine que vous vous donnez, nuit et jour, à remplir vos navires. Nous voyons aussi que tout votre peuple ne vit que sur la morue que vous pêchez chez nous. Toujours et rien que de la morue, morue au matin, morue à midi, morue le soir; encore de la morue jusqu'à ce que les choses en viennent à une extrémité telle, que lorsque vous voulez vous offrir un bon morceau, c'est à nos dépend; et que vous êtes contraints d'avoir recours aux indiens Que vous méprisez tant. Et vous leur mendier le produit d'une chasse, pour vous régaler. Maintenant, dites moi un peu, si vous avez un peu de bon sens, lequel des deux est le plus sage et le plus heureux : celui qui travaille sans cesse pour vivre, ou celui qui se repose confortablement et trouve tout ce dont il a besoin dans les plaisirs de la chasse et de la pêche ? Il est vrai que nous n'avons pas toujours eu le pain et le vin que votre France produit ; mais en fait, avant l'arrivée des Français dans ces parages, les Gaspésiens ne vivaient-ils pas plus vieux que maintenant? Et si nous n'avons plus parmi nous, de ces vieillards comptant cent-trente ou cent-quarante années, c'est seulement parce que peu à peu, nous adoptons votre manière de vivre. Parce que comme l'expérience le montre, ceux des nôtres qui vivent le plus longtemps, sont ceux qui méprisent votre pain, votre vin et votre eau-de-vie se contentant de la chair du castor, de l'élan de l'oiseau et du poisson, et qui vivent en harmonie avec la coutume de nos ancêtres et de toute la nation gaspésienne. Apprenez une fois pour toutes, mes frères, parce que je vous dois la vérité : Il n'y a pas d'indien qui ne se regarde comme infiniment plus heureux et plus puissant que le Français. |