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Espérance

Lynda Roux 

Nul en ce monde ne peut apaiser l'âme qui va en ces lieux désolés.  Il y a plusieurs nuits déjà qu'elle erre à travers bois.  Esseulée, apeurée, elle n'a d'envie que de trouver refuge et sollicitude.  Pour l'heure, l'unique espoir d'un monde meilleur lui fait poursuivre son chemin.

C'est dans une aube blafarde qu'elle a fui, quittant ces lieux qui ne lui laissent qu'un goût amer en souvenir.  Ils étaient nombreux ce soir là, buvant plus que leur saoul, suant et puant, la convoitant avec une lueur démente au fond des yeux. Et ce n'est qu'avec force ruse qu'elle put échapper à leurs assauts, ses vêtements en lambeaux.

Tel un animal aux abois, elle se cacha, se nourrissant de ce qu'elle trouvait sur son passage, la peur au ventre la tenaillant.

Son maître, juste et bon, tué lors d'une bataille, n'a laissé qu'un fils cruel, qui aussitôt son retour s'est empressé d'imposer sa propre loi.  Tous le craignaient mais nul n'osait l'en laisser paraître.  Ce n'était que beuveries et déploiements bestiaux de la part des invités que ce fils indigne accueillait sous son toit.

Laissée pour compte aux premières heures de sa pauvre existence, sur le seuil des portes du château, elle dût dès qu'elle fut en mesure, obéir aux ordres, accomplissant tantôt tâche ménagère, tantôt ordre de l'un ou l'autre.  Sans égard aucun pour l'enfant douce et curieuse.  De plus, nul ne s'était chargé de l'instruire en autre façon que de servir ses maîtres.  Elle n'avait acquis, pour le reste, que peu de notions, n'ayant d'autre destinée que celle offerte par ses hôtes.

Sans être de peu de cœur, jamais il ne leur était venu à l'esprit, que la petite orpheline nécessitait d'autres soins que ceux qu'ils lui prodiguaient déjà.  Petite en taille, mais robuste, elle effectuait ses tâches avec célérité et dévouement, sans se plaindre. Cependant, une lueur de tristesse assombrissait ses yeux.  Non pas qu'elle eût reçu de mauvais traitement mais jamais un mot d'encouragement ne venait frissonner à son oreille.

Les années passant, devenue une belle jeune femme et le jeune seigneur devenu maître des lieux l'ayant remarqué, il l'avait maintes fois mandé à son service.  À contrecœur, toujours, elle acquiesçait avec au fond de l'âme, effroi et dégoût.  Cet être railleur et mauvais ne pouvait d'ailleurs n'inspirer d'autres sentiments à ceux qui le servaient.  De raison, puisque, y allant de sa vie même, elle dût laisser derrière, la seule demeure qu'elle n'eut jamais connue.

Tapie au pied d'un arbre, elle guettait les premiers signes d'éveil d'une demeure qu'elle entrevoyait au loin.  Si le propriétaire en est bon et charitable, il lui offrirait bien un quignon de paix et une louche d'eau et peut-être aussi un bout de paillasse dans l'étable pour dormir un peu.  Ensuite elle pourrait poursuivre sa route, souhaitait-elle au fond de son âme.

C'est ainsi que le maître de céans la trouva.  L'épuisement ayant eu raison de la jeune femme, le sommeil l'avait finalement cueillie pendant son attente.  Il l'a ramena à l'intérieur de sa demeure, l'installant près de l'âtre.  Quand elle ouvrit les yeux, il était là, attendant son réveil.  Apeurée, elle se releva et recula brusquement puis se détendit en croisant le regard plein de douceur et de bonté du gentilhomme.  Doucement, il lui narra en quelles circonstances il l'avait découverte lui demandant quels événements l'avaient, de la sorte, affligée.  Oscillant entre la rage et les pleurs, elle ouvrit son cœur à cet être qu'elle devinait noble et pur.

Abasourdi par son récit il lui offrit le gîte.  Elle accepta de bonne grâce, mais seulement en échange de travail, ce qu'il lui accorda.  Jamais il n'eut à regretter son geste et la douce jeune femme reprit vie à son côté.

Avec le temps, le passé s'estompa et l'avenir se fit lumineux.  Elle eut loisir d'apprendre bien de nouvelles choses, le jeune homme se chargeant de lui faire connaître ce qui lui faisait cruellement défaut.  Vive et d'une intelligence curieuse, tout lui venait avec aisance et ce fût avec peu d'effort et de temps, que le gentilhomme découvrit sous l'apparence froide et distante de la jeune femme, une âme joyeuse, fidèle et loyale.

Une aube nouvelle, éclatante et pleine de promesses posait enfin, son regard sur l'existence de cette enfant abandonnée, laissant l'ombre et le malheur derrière elle à tout jamais.