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L'INDUSTRIE DES CLUBS
POUR GENS SEULS
OPPORTUNISME OU PHILANTHROPIE?

 

Normand Lebeau  

Autrefois, la seule façon de rencontrer des gens du sexe opposé consistait à s'inscrire dans des clubs de rencontres, ou pour les gens plus olé olé, à fréquenter les boîtes de nuit ou encore, tout bonnement, à se rabattre  sur la soeur ou le frère de son/sa meilleur(e) ami(e). En ce début de 21e siècle, le nec plus ultra consiste à s'abonner à une agence virtuelle et à faire connaissance sur les forums et les salons de bavardage. Les agences de rencontres traditionnelles existent toujours, mais elles aussi utilisent désormais l'informatique. On entre les coordonnées des membres, et puis hop, on met en contact M. et Mme Compatible. Ça donne ce que ça donne... Une machine, ça compile, mais en dernier ressort, c'est toujours le facteur humain qui prime (ou déprime, selon le cas). Pour ce qui est des clubs de nuit, des « cruising bars », etc., de plus en plus de gens se méfient des partenaires faciles, sida oblige. Sans vouloir porter un jugement général sur l'industrie des clubs pour gens seuls, j'aimerais simplement souligner le fait que la solitude est devenue une vache à lait pour des organisateurs de tout acabit. Les personnes seules, par choix ou par timidité, sont sollicitées de toutes parts. Les sexologues font tellement de surtemps qu'ils en sont rendus à négliger leur propre vie sexuelle, ce qui est loin d'être une bagatelle (et ça les dessert...). Tout bon communicateur peut mettre sur pied un club social pour célibataires, donner rendez-vous à des gens seuls des deux sexes et faire de l'animation. On voit d'ailleurs ce qui se produit lorsqu'une rencontre pour célibataires est annoncée à la télévision, particulièrement le dimanche, c'est une véritable ruée vers le brunch! Les gens s'ennuient, et même s'il existe plus de façons que jamais de meubler ses loisirs, rien n'est comparable au contact humain. Je me souviens d'une correspondante qui m'a raconté il y a une dizaine d'années (elle était dans la jeune trentaine) sa participation à une soirée pour célibataires dont le clou consistait en une partie de « pichenettes », c'est dire à quel point les célibataires peuvent s'emmerder! Il faut être drôlement culotté pour organiser des soirées payantes pour personnes seules afin de jouer aux poches, aux billes ou au paquet-voleur! Heureusement, les responsables de certains, et j'espère, de plusieurs regroupements pour célibataires, ont une approche fondamentalement humaniste (bien qu'il faille comprendre que l'altruisme n'a jamais rempli un frigo). Nous ne pouvons que souhaiter que ce fourmillement d'associations pour gens seuls parvienne à rendre plus agréable la vie de leurs membres. Sur ce, je dois vous laisser, car mon groupe m'attend.