Souvent, les gens se sentent menacés par le changement. Le défi, c'est de modifier notre façon de le percevoir. La façon d'y arriver, c'est de modifier notre attitude de victime face au changement en un rôle d'acteur, ce qui transformera nos perceptions à cet égard. D'ailleurs, pour vous faire une idée de la difficulté, je vous invite à faire une courte randonnée imaginaire sur l'eau pour vous en convaincre. Souvent, on décrit le changement comme l'eau d'une rivière qui passe et ne revient jamais. Mais au rythme où vont les choses, il vaudrait mieux parler de rapides ! Alors, imaginez quelqu'un en canot et voyez-le glisser doucement sur les eaux calmes de la rivière. Mais voilà qu'il arrive maintenant dans une portion de la rivière où le courant commence à être un peu plus fort ; résultat, la vitesse du canot augmente. À peine une minute plus tard, il est rendu dans les rapides ! Les bouillons surgissent de chaque côté et son canot est fortement ballotté par les vagues. Plus il avance, plus il avironne fort ; à gauche, à droite, de côté. C'est une descente de rivière assez mouvementée. Mais, entre vous et moi, qu'est-ce que ça lui donne de s'évertuer à avironner comme cela ? Même s'il se démène comme un diable dans l'eau bénite au milieu des rapides, ça ne semble pas donner grand résultat ! Et de toute façon, même s'il le voulait, pensez-vous qu'il peut aller où il veut ? Une fois dans les rapides, tu vas où le courant t'amène, pas question de changer de direction et encore moins de rebrousser chemin! Veux, veux pas, c'est un sens unique, et tu suis ! Alors, voulez-vous bien me dire ce que ça lui donne de se morfondre ainsi à avironner de toutes ses forces puisqu'il n'a aucun contrôle sur sa direction ? Pourquoi ne pas tout simplement arrêter de se démener et se laisser aller jusqu'au bas du rapide ? Qu'en pensez-vous ? Évidemment, la réponse est claire et simple. Notre bonhomme est mieux de voir à son affaire et de continuer de s'activer avec son aviron parce que cela peut faire toute la différence entre rester assis dans le canot et d'arriver en aval encore au sec ou chavirer ! Car dans les rapides, même s'il ne peut rien faire contre la force du courant, il a tout de même la possibilité d'exercer un contrôle sur la façon selon laquelle son canot va aborder chacun des bouillons, c'est-à-dire avec quel angle la pince du canot( terme particulier pour désigner la partie avant et recourbée d'un canot) va couper les vagues au lieu de risquer de chavirer si l'embarcation se présente de côté. C'est seulement là, sur la ligne de trajectoire de son canot, qu'il peut avoir de l'influence et non pas sur le courant pas plus que sur le reste de l'environnement ! Certains diront que c'est une bien maigre consolation puisqu'il n'a aucun contrôle sur la vitesse des rapides ni sur la direction dans laquelle il est charrié ! C'est vrai et, considéré de cette façon, son pouvoir semble bien éphémère ! Mais par rapport à sa propre stabilité, ses coups d'aviron peuvent faire toute la différence entre être renversé par les bouillons ou traverser le tumulte et se retrouver dans les eaux calmes en ayant été ébranlé le moins possible. Non seulement il peut éviter les dégâts mais il s'en sortira avec les honneurs et surtout, avec un profond sentiment de fierté et de satisfaction personnelle. Voilà toute une différence! En fait, notre gars a choisi d'agir à l'endroit où il pouvait avoir de l'influence. Il a concentré toutes ses énergies sur sa trajectoire dans les rapides afin de maintenir son embarcation dans la meilleure position pour être bousculé le moins possible. Et ça fonctionne ! En fait, c'est ça le secret. La chose à retenir, quand on se sent bousculé par les événements, c'est d'abord et avant tout de focusser sur soi puisque c'est là, et seulement là, qu'on peut exercer une réelle influence. Voilà pourquoi il importe de bien identifier ce qui dépend de nous et d'y concentrer nos énergies sans quoi, on risque de s'épuiser à vouloir influencer le cours des événements alors que cela est hors de notre portée. En définitive, l'accroissement de notre capacité d'adaptation au changement fait partie du processus de croissance normale et de maturation chez un individu. De tout évidence, la saine gestion du changement passe par l'aptitude des individus de s'ajuster, d'où l'importance de développer sa souplesse. Ce texte est tiré de mon volume « Les gens épanouis.. réussissent mieux! » |