| Le vilain compositeur était mort depuis belle lurette Envolé, évanoui dans le composteur du temps Depuis sa disparition, plus la moindre trace de l'œuvre rasoir De cette fine lame de l'enquiquinement sonore Le destin, semble-t-il, lui avait définitivement fait la barbe Avant de tirer sa révérence, l'incompris, dans un dernier élan Emplit nos tympans d'un porridge musical déconcertant Avant de lancer, l'air défiant, sachez incultes et ingrats Qu'au-delà de la matière, mon œuvre perdurera Et qu'à travers elle, je reviendrai vous hanter Le silence qui suivit son départ vers le néant Ne fut rien de moins qu'un orgasme collectif Et nous fîmes des gorges chaudes des menaces du médiocre moribond Les jours, les mois et les saisons se succédèrent L'infortuné compositeur n'était plus qu'un lointain souvenir Un beau soir d'été, rassemblés autour d'un feu de joie Nous nous apprêtions à déguster un délicieux thé blanc chinois Rien de tel pour combattre la chaleur vespérale de juillet Qu'une infusion au goût herbacé La soirée était exquise, le silence opaque Soudainement, de la théière s'éleva une fumée dense Et des volutes dansantes tourbillonnant vers le ciel parvinrent des sons tranges Malédiction, ces images sonores Cet infect bouillon de notes biscornues L'infâme compositeur était revenu Pour les tympans, quelle horreur! Sa musique, bien vivante et toujours infecte, était revenue en thé C'était là son baroud d'honneur. |